A l’heure où l’on demande de la mobilité aux travailleurs chômeurs, pour les délocaliser d’un bassin d’emploi pauvre vers un bassin pas encore saturé…
A l’heure où dans ce pays deviennent trop nombreux ceux qui ne supportent plus l’existence des non-sédentaires…
Me viennent des envies organisées de nomadismes. Non pas un accès « d’autruchisme » aigu, mais l’envie aussi de changer de point de vue, prendre distance. Et je n’oublie pas que lorsque l’on part en voyage on trimballe toujours ses propres « valises ».
Constat 1 : je ne suis pas une « petite femme d’intérieur ». ne n’ai jamais investi dans la décoration des lieux que j’ai habité. Ne n’ai jamais éprouvé le besoin de prendre soin du lieu où je vis.
Mais j’ai toujours eu besoin d’avoir « un endroit à moi ». parfois il fut grand, parfois petit. Mais toujours je m’y suis sentie bien, sans jamais en faire une vitrine décorative.
J’ai su habiter dans des pièces que je partageais, petite (Vincennes) et grande (Chausson), j’ai eu des lieux que ne n’occupait que la journée (Karlshure), des chambres chez l’habitant (Berlin) des lieux divers et variés sur une longue période (Brésil), j’ai su squatter par nécessité (La Rochelle), habiter des appartements au confort douteux (Seveste) voir vétuste (Montreuil), des maisons froides (Bretagne), des chambres au confort minimal (Provence).
J’ai simplement besoin d’avoir un lieu où puisse s’exprimer mon bordel, et où je puisse retrouver mes « petites affaires ».
Constat 2 : Aussi vrai qu’à la question : « tu es d’où ? » je ne sais jamais répondre. Je bafouille, je suis de où je vis au moment où l’on me pose la question. Et arrivant à Paris, j’étais (pour les autres) de La Rochelle, en Bretagne de Paris, en Provence de Bretagne. Toujours ce décalage pour les « vrais » autochtones. Donc toujours à leur yeux une étrangère, sans que le terme soit forcément péjoratif dans leur bouche. Par exemple à Berlin ou au Brésil, plus que « étrangère », j’étais avant tout « française » et le terme était positif.
Disons que je n’ai pas de AOC ! mais quelques labels !
Constat 3 : Je n’ai pas envie de bouger vite, voir beaucoup, m’agiter « spatialement. ». Je n’ai jamais été tenté par les voyages de quelques jours à l’autre bout du monde, les « une semaine au Maroc tout compris » et autres séjours touristiques d’agence. J’ai toujours eu envie d’aller là où je pouvais rencontrer quelqu’un – soit que je connaissais avant, soit qui m’avait été présenté par une tierce personne. Puis sur place, rencontrer d’autres personnes, bien entendu.
Je n’ai pas beaucoup voyagé finalement. Et lorsque je suis « quelque part » je ne dévore pas le lieu. Je ne connais pas Berlin comme ma poche, allant toujours vers les mêmes lieux, je n’ai pas bougé en Provence, je n’ai pas fait le tour de la Bretagne… Paradoxalement je suis assez sédentaire donc et peu curieuse ! Exception faite de la Réunion, car je n’étais pas bien dans la maison où j’étais (ambiance difficile)
En Bretagne je ne connaissais personne. Mais j’y allais avec un projet et avec quelqu’un.
Constat 4 : Je n’ai aucune ambition professionnelle qui m’oblige à rester dans un lieu, une entreprise, un cercle.
Je disais, le travail… quatre éléments : l’intérêt du travail, la paie, le temps libre qu’il laisse, l’ambiance sur le lieu de travail. Ne jamais prendre un travail sans avoir au moins trois de ces éléments, et le quitter lorsque deux seulement subsistent, tombent vers un seul. Je crois bien avoir toujours fait de la sorte. Et personne ne m’empêchera de continuer.
L’intérêt du travail est avant tout dans sa nouveauté, la découverte de l’entourage professionnel, des codes du lieu, la maîtrise du poste occupé.
La paie, c’est la somme nécessaire à manger et se loger et un peu d’argent de poche, comme minimum. Le plus pouvant servir à subventionner d’autres déplacement, d’autres installations. Mes besoins sont maigres en loisirs, fringues, sorties… mes dépenses les plus importantes allaient vers l’achat des livres… Aujourd’hui je me sens bien dans une bibliothèque…
Le temps libre est important si le travail est pénible, sans intérêt et mal payé. Parce que ce temps libre permet de voir autre chose. Le travail n’est plus que le moyen de rester là où je suis parce que je souhaite y rester. Si je n’ai pas envie de rester je ne dois pas accepter un travail nul et mal payé, mais travailler un max pour pouvoir m’arracher de là. L’ambiance sur le lieu de travail. La nouveauté, appréhender les autres et se mettre à leur rythme, donner sa petite touche, doucement, sans forfanterie… faire connaissance, voir ce qui peut donner belle rencontre et ce qui ne le peut pas. Ne pas investir tout, juste prendre le temps d’apprécier ce qui s’offre à proximité.
Je n’ai pas d’enfant, d’animaux, de maison qui « m’obligent » à rester là où je suis.
J’ai donc une possibilité d’être mobile.
Constat 5 : Je ne suis pas faite pour le long terme. Depuis 32 ans que je travaille, la Bretagne est ma plus longue période à un même poste. Durée rendue possible par la diversité des tâches, le projet, le fait de ne pas être seule à décider et d’être son propre patron. Autrement c’est de quelques mois à trois ans maximum (Venise Verte).
Constat 6 ; J’ai peu de bonnes compétences, mais un panel de possibles à petits niveaux dans la restauration et l’hôtellerie, le secrétariat, la régie, l’organisation d’événements. La possibilité de voir dans d’autres domaines mes savoirs utiles.
En conclusion : J’ai donc envie de donner forme à ce que je fais depuis si longtemps.
Bouger par période assez longues (et plus elles sont éloignées de mes zones connues – lieu, gens, boulot, langue…- et plus elles doivent être longues). Découvrir de nouveaux horizons (Chili, Toulouse et tout lieu de rencontres…) retourner autrement dans des lieux déjà visité (Brésil, Berlin, La Rochelle…)
S’ouvre à moi aujourd’hui la possibilité de cette mobilité de novembre à mars avec la possibilité de revenir de mai à septembre en Provence. C’est donc pas un inconnu total, une durée sans fin. Juste quelques mois à vivre autrement et voir si c’est vraiment de cela que j’ai envie. Un saut… avec parachute.
Aller, rester attentive aux opportunités, nouveautés, chances qui s’offre sur place et décider au coup par coup. Et avant tout reprendre le chemin de l'écriture, continuer à tracer le chemin de l'amitié, défricher de nouveaux chemins.
Septembre 2010 - Mimet
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